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Arnaud de Florbelle
Sam 26 Mar - 17:40
Noblesse

Il faut de la force assurément pour tenir toujours la balance de la justice droite entre tant de gens qui font leurs efforts pour la faire pencher de leur côté.
Louis XIV, Mémoires



On disait souvent du royaume Frélence qu'il était un jardin ; le tracé régulier des allées dessinait un univers parfaitement ordonné par la géométrie, transcrivant dans l'espace l'image d'une société dont chacun des corps contribuait à l'harmonie générale, décrétée par la volonté du Roy. Au sein de ce monde harmonieux, la statuaire incarnait un pays soumis au Pouvoir Absolu de la monarchie. L'étiquette rigide de la cour la ciselait comme un diamant parfait et on se pressait des quatre coins du continent pour s’étourdir du faste et des mœurs du Palais d'Eté. Entre jeux de dupes, intrigues, modes qui se faisaient et se défaisaient, faveurs et mondanités, la Cour de Frélence était assurément la plus raffinée du monde. Et la plus cruelle.

Mais depuis quelques temps déjà, le soleil ne brillait plus sur Frélence de sa blancheur primordiale mais d'une lueur falote, ternie de sang. Alors que le pouvoir des Hommes régnait sur toute chose - et les bois, les champs, les rivières, les montagnes - les ombres s'étendirent sur le royaume, toujours plus sombres, toujours plus proches. Douce Frélence, toi qui fut le joyau le plus éclatant de la couronne du Beau Continent, tu es à présent tel un bateau en avarie qui sombre dans la mer. Personne pourtant ne désirait quitter cet admirable bâtiment qui charriait dans son sillage des siècles d'Histoire, d'intrigues et de tragédies. Quand bien même comme un bélier sinistre aux murailles de nos existences venait frapper la Mort Rouge. Son grand bruit sourd l'annonçait, et tous la craignaient. Chancelant sous le poids de ton manteau, triste Frélence, tu traînais ton corps miséreux ; c'est Elle qui t'as rendue exsangue, qui a martyrisé ton sein douloureux. Jamais peste ne fut si fatale, si horrible. Son avatar, c’est le sang, sa rougeur qui orne les visages boursouflés et suintants parcourus de tâches pourpres auxquels on ferme toute sympathie.

Pourquoi un tel appauvrissement, une telle caducité ? On murmure par ici des choses terribles : la Mort Rouge était à l'oeuvre du fait du comte Sylaire d'Aigremont, que les intrigues avec les fils et filles de Frélence auraient rendu fou. Le triste sire aurait pactisé avec les forces les plus obscures pour obtenir vengeance. De quel affront, on ne le saura jamais car ses terres se virent bientôt perverties par l'épidémie. Quel mauvais diable s'était dérangé pour mettre en scène une farce si cruelle ? Des villages dépeuplés, des récoltes saccagées, des rivières carmines où dansaient silencieusement des cadavres de tous âges, la Mort Rouge n'épargnant personne. Hommes et bétails mourraient ensemble des mêmes afflictions et bientôt les fosses d'Aigremont ne furent plus assez pour contenir tous leurs morts. Dans les pas de sabots des démons qu'on prêtait au comté suivit l'hystérie de la Cour, la paranoïa de la famille Royale. Le comte et sa famille perdirent rapidement la vie et la province fut mise en quarantaine pour que le Mal ne gagne pas plus avant les territoires alentours. On isola l'Aigremont, on l'abandonna à son triste sort. On ferma les yeux sur la souffrance comme on ignorait les pauvres hères atteints de cette affreuse maladie qui enflait les chairs. Dès lors, la vie reprit son cours en Frélence : Aigremont n’existait simplement plus, de même que la Mort Rouge. Mais son ombre mortifère ne fut pas oubliée, demeurant dans les cœurs des frélenciens. Tout le monde fermait les yeux mais personne ne l'ignorait : la calamiteuse peste démoniaque viendrait un jour pour chacun d’entre nous. Elle ne pardonnera pas, reviendra inlassablement et personne ne saura lui échapper.

Néanmoins, nous continuons inlassablement de danser car nous sommes issus d'un monde galant, vif et exquis, et fou ; le mépris de la mort, comme une fleur, sur nos lèvres rogues. Seul l'excès peut apaiser nos craintes. L'excès et le scandale, doux au cœur, petits triomphes de l’orgueil face à l’inéluctable. Il ne nous reste que cela : fermer les yeux et nous laisser emporter. Nous prendrons tous nos bijoux, toutes nos pierres précieuses, tout l'or tiré de nos coffres pour consacrer le corps délétère de notre pays, nous frotterons ses os avec du vin et le porterons haut au dessus de nos têtes.

Pauvre Frélence, un jour les eaux de tes jardins se tariront et tu n'auras bientôt qu'un peuple de statues.
Et les ténèbres, et la ruine, et la Mort rouge, établiront sur toutes choses leur empire illimité.
Arnaud de Florbelle
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Thème : Le Trublion ♫
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