Généralités

Frélence la Belle, "la Fleur du Beau Continent" comme on la surnomme affectueusement, est également affublée du sobriquet de Frélence la Cruelle autant par ceux qui y vivent que ceux qui ont subi des guerres de son fait. Royaume du bel esprit et du verbe vif, le pays a toujours été en tête des quatre grandes puissances du continent, face à la Ruritanie et la Markovie, ses rivales de toujours avec qui le pays a récemment signé une armistice après une guerre qui dura plus de trente ans. Les trois royaumes commercent aujourd'hui ensemble malgré quelques légères tensions. Pour toutes les nations qui comptent, c'est Frélence qui définit les canons de la mode, de la civilisation, de la musique, des arts et des lumières. Les cours les plus fastueuses sont en Frélence, tout comme les mets les plus raffinés. Toutes les parures de la noblesse du continent sont inspirées par des modèles provenant de Frélence. Pourtant ce n'est pas ce fait qui fait la grandeur de La Fleur. Car grandeur comme décadence se côtoient au pays de l'amour courtois.

La Frélence métropolitaine est divisée en cinq grandes régions : le Poitain au Centre, la Cocagne au Sud, le Chastillon au Nord, l'Averoigne à l'Est et le Morvand à l'Ouest, elles-mêmes divisées en duchés. Belle-Galante est une région d'outre-mer qui fut jadis une colonie frélencienne mais vient de gagner son indépendance. La capitale du royaume est Blanchefleur, dans la région du Poitain. Le pays offre une grande variété d’ensembles topographiques et de paysages naturels ; les littoraux offrent des paysages assez contrastés : il s’agit tantôt de retombées de massifs montagneux, de plateaux se terminant sur des falaises comme sur la Côte d’Albâtre, des régions humides et forestières ou de larges plaines sableuses. On y trouve en effet une grande diversité des paysages et des écosystèmes, permettant notamment nombres d'élevages et de cultures différents. Ainsi la cuisine frélencienne est renommée, notamment grâce à ses productions agricoles de qualités : nombreux vins (champagne, vins du Poitain ou de Vergneux) et fromages (le Crieux, le Muguet ou le Roquefort). Le Vert-Côteau, célèbre vin blanc liquoreux, ou le fameux Torignon, vin rouge si profond qu'on le surnomme "le sang de Frélence" sont recherchés dans tout le Beau Continent. Le royaume de Frélence se compose d'immenses cités, de grandes villes et de petites fermes. On peut marcher des jours durant en ne voyant rien d'autre que des chaumières de paysans. Mais lorsqu'on arrive enfin dans une ville, on se retrouve plongé dans un bouillonnement d'affaires, de manoirs extraordinaires et d'opulence étourdissante. Ces villes sont de véritables oasis urbaines, quasiment sans rapport avec les terres qui les entourent. Les plus grandes fêtes de l'année sont appelées "les Trois Demoiselles", représentant approximativement la venue des saisons : Demoiselle de Brumaire pour l'arrivée des temps froids, Demoiselle de Floréal pour la venue du Printemps et Demoiselle de Thermidor pour la période des grosses chaleurs.

Vie frélencienne

Alors que la paysannerie trime tous les jours pour satisfaire ses seigneurs et pour les nourrir, les classes dominantes vivant dans les villes ne connaissent pas le sens du mot "tempérance". Les nobles s'articulent en grandes familles avec souvent un domaine d’excellence : les Grandier de Florbelle élèvent des chevaux, les Farges de Latour excellent dans le droit... Les intrigues entre nobles vont également bon train, puisqu'il semble que ces jeux de cour soient pour eux également un moyen de se divertir : on parle d'une noblesse parfois paresseuse et désœuvrée, quand elle n'est pas décadente. C'est en tout cas ce que disent les détracteurs du pays, en mettant de côté qu'il s'agit aussi du pays des Lumières et des Arts. Le peuple de La Fleur ne vit pas forcément dans la misère ; les bourgeois fortunés vivent on ne peut mieux et la classe moyenne n'a pas à se plaindre. La paysannerie cependant, classe importante rapportant beaucoup de denrées, est dure à la tache pour trois fois rien et son mode de vie est bien éloigné de celui des autres paysans du Beau Continent, bien plus indépendants. Car si un paysan a une terre très fertile, il peut en faire fortune : un paysan n'est pas nécessairement pauvre à Frélence, là où le territoire et la production de blé, de vignes et autres sont très importants. Quant à ceux qui sont réellement très pauvres, ce sont surtout des citadins, étrangement : des employés d'usines textiles, des vanniers ou des artistes sans le sous.

Les paysans de Frélence sont des gens frustes mais hospitaliers et francs. Ils n'ont qu'une éducation sommaire, font beaucoup d'enfants et mènent leur petite vie tranquille et respectable. A l'inverse, la pratique courante chez la majorité des nobles est de ne pas avoir plus de deux ou trois enfants. Les raisons de ce choix sont tout aussi pragmatiques que celles de leurs compatriotes de plus basse extraction. En Frélence en effet, c'est à l'aîné des héritiers que reviennent la terre, les biens et la richesse. Le sort des autres membres de la fratrie est laissé à l'entière discrétion de l'aîné. Si l'héritier peut bien sûr décider d'employer un frère ou une sœur comme marquis, il est plus fréquent qu'il les chasse et les laisse se débrouiller seuls. Ce phénomène pousse des flots continus de déshérités vers les diverses cours de la Fleur, à la recherche d'un endroit où vivre et d'une source de revenus. C'est pourquoi, même si la prudence pousse à avoir plus d'un héritier (il est impossible de prévoir tous les aléas du destin), on considère le fait d'en avoir plus de trois comme la preuve d'un manque de savoir-vivre.

Voir aussi

- Politique et noblesse
- Religion et occultisme

Politique et noblesse

La noblesse de Frélence est une élite distinguée gouvernée par une monarchie de "droit miraculeux", soit choisie par le Miracle : les Desroses de Frélence. Toutes les affaires politiques sont conduites par le roi assisté de ses conseillers et ses ducs. Divers rangs de noblesse gravitent autour de lui, plus particulièrement les ducs qui gouvernent les différentes provinces du royaume. Le roi partage le pays en plusieurs parcelles de terres qui sont chacune placées sous la responsabilité d'un duc, lui-même entouré de marquis gérant les affaires au quotidien. Les ducs sont tenus de faire régulièrement leurs rapports au roi concernant l'état de leurs terres. Invariablement, ces rapports l'informent que tout se passe pour le mieux. Car s'il advenait qu'une ombre obscurcisse les grands desseins royaux, le responsable ferait à coup sûr l'expérience d'une longue traversée du désert avant de pouvoir reparaître devant lui. D'autres institutions sont inféodées au souverain pour l'assister, tels que ses ministres, le Conseil du Roy, le Trésor Royal (qui collecte les revenus domaniaux et les différents impôts), la Tournelle Criminelle et la Tournelle Civile (des chambres de justice), les Tables de Marbre (juridictions supérieures en matière d'Eaux et Forêts) ou encore le Secret du Roy (espionnage et diplomatie secrète).

Les nobles sont passés maîtres dans l'art du sous-entendu. A la Cour, personne ne dit jamais vraiment ce qu'il pense. Chacun déploie des trésors de métaphores et de précautions oratoires, et emploie plus volontiers une citation bien choisie que ses propres mots. Ce genre de conversation peut rapidement devenir épuisant pour le profane et nombreux sont les diplomates étrangers qui, en dépit de l'excellente cuisine et des agréments de la cour, ont demandé à être nommés ailleurs. L'impératif catégorique qui impose d'être toujours faussement inoffensif est terriblement pesant. La noblesse adore se livrer à des joutes oratoires consistant à déstabiliser l'interlocuteur. Le comble de l'insolence est de l'obliger à donner une réponse directe, tout spécialement lorsque la conversation tourne autour de sujets controversés. Ces badinages virent fréquemment au sadisme ludique visant à aborder un sujet douloureux pour l'un des protagonistes sans qu'il soit jamais directement nommé. Ceux qui ont suffisamment d'esprit pour exceller à ces jeux exquis sont tenus en haute estime.

L'autre jeu préféré des nobles de La Fleur est l'intrigue ainsi que son proche cousin : le scandale. Si une saison se passe sans que rien d'intéressant ne se produise, on peut être sûr que quelqu'un va s'en charger. Les hôtes étrangers sont souvent frappés par la cruauté gratuite des manières locales. Leurs sens de la répartie rapide et leur pratique des biais détournés font des frélenciens de parfaits espions. Et lorsqu'on les soupçonne de mener double jeu, on pense aussitôt qu'il s'agit d'un trait de caractère propre aux gens de Frélence. Mieux encore, comme c'est la Fleur qui établit les canons de la mode, des bonnes manières et des arts, les courtisans sont accueillis à bras ouverts partout ou presque, ce qui leur permet de s'introduire facilement dans les cours étrangères et d'y récolter de précieuses informations. La chevalerie et son souvenir sont très vivaces parmi cette noblesse qui estime énormément les faits d'armes, les soirées réussies, les beaux mariages mais également les délicates intrigues qui sont souvent comme un passe-temps pour eux. La noblesse aime à se regrouper en cercle et en petit groupe connus tels que "le Cercle des Extraordinaires Gentilshommes", qui a pour but de se donner mensuellement quelques défis réputés impossibles et de comparer les méthodes ; réussir un défi de ce Cercle vaut son pesant de célébrité. On parle également d'un cercle qui se ferait appeler "les Amis du Crime" et qui comprendrait les libertins les plus acharnés du pays.

Les couleurs des familles sont représentées sur des pavois et leur nom se forme avec un nom de famille suivi de la région de naissance ; en exemple, Dubois d'Arrange, Chaudron de Courcel ou encore Desroses de Surly. Une coutume inhérente au pays veut dans la haute noblesse un homme peut très bien rejoindre la famille de son épouse et en prendre le nom, selon les circonstances : les généalogies sont donc particulièrement tortueuses...

Religion et occultisme

L'Eglise du Miracle dirige la religion d'Etat du pays, s'articulant autour de l'idée non pas d'un dieu mais d'une volonté désincarnée, capricieuse et surtout toute puissante : le Miracle. Celles et ceux touchés par sa Grâce durant des épisodes légendaires sont appelés les Saints, canonisés après leurs morts. Les frélenciens pratiquent l'iconodulie, un courant de pensée qui prône l’avènement et la vénération des images religieuses et sacrées ainsi que des icônes. La notion de "dieu" n'existe donc pas, au contraire de l'idée du "divin". Le clergé se divise en deux ordres : le clergé régulier (abbé, moines (convers et profès), chanoines soumis à une règle religieuse, vivant dans un monastère, un prieuré ou une abbaye) et le clergé séculier (archevêque, évêque, curé, vicaire, aumônier et autres prêtres non soumis à une règle, tous les ecclésiastiques qui vivent "dans le siècle", c'est-à-dire dans le monde, au contact de leurs concitoyens). La langue des messes est l'Ancien Numen, une langue morte dont la connaissance et l'usage sont maintenus à l'université et dans le clergé. L'Eglise du Miracle a souvent été la cible de critiques en raison de sa grande richesse, du faste de ses édifices et des taxes qu'elle prélève au peuple frélencien mais aussi à cause de la brutalité de l'Imperium, son Inquisition tout nouvellement créée dans le but de faire la chasse aux "démonistes", dans l'espoir d'arrêter la propagation de la Mort Rouge.

La Mort Rouge, justement, est une maladie infectieuse qui frappe le pays depuis quelques mois. Elle cause des douleurs aiguës, un vertige soudain et une grande dépression respiratoire. On la nomme ainsi car ultimement, des tâches pourpres apparaissent sur le visage de la victime jusqu'à le recouvrir, et entraîne une mort lente et douloureuse. La Mort Rouge comprend deux étapes : l'infection qui peut rester latente et silencieuse, puis la maladie où les troubles se manifestent. Les facteurs de risque sont le contact étroit avec un cas contagieux ; la promiscuité respiratoire (familles nombreuses sous un même toit, conditions de logement, populations pénitentiaires...), l'état de santé du sujet infecté (malnutrition, enfant de moins de cinq ans, personnes âgées, personnes en situation de déficience immunitaire...) ainsi que la promiscuité et la pauvreté. Le contact avec du sang infecté est vu comme la première cause d'infection de la maladie au point que le peuple frélencien a rapidement développé une hématophobie générale : le sang est l'avatar de la Mort Rouge dans l'image populaire, et il faut l'éviter à tout prix. On ne connait à l'heure actuelle aucun remède à la maladie, à l'image des vaines tentatives de l'être humain pour conjurer la mort. L'épidémie a commencé à se développer il y a quelques mois dans la région d'Aigremont (dans le Morvand) qui depuis a été mise en quarantaine pour éviter la contamination du reste du pays. La noblesse essaye de fermer les yeux sur le problème pour continuer sa vie comme si de rien n'était, pensant que la quarantaine est la solution : la région d'Aigremont a été désertée et la famille qui l'administrait a été ruinée et déchue. Les habitants continuent de tomber comme des mouches mais la vie subsiste pourtant toujours. Quant à savoir d'où vient cette étrange affliction, nombre de rumeurs courent à ce sujet.

La plus tenace accuse le comte Sylaire Fontanges d'Aigremont d'avoir activement pratiqué l’idolâtrie et l'invocation afin de nuire volontairement au royaume. Le comte emporta cependant son secret avec lui, frappé lui-même par la Mort Rouge. Depuis, l'Eglise du Miracle est partie en guerre contre ce qu'Elle appelle les "démonistes", adorateurs du Mal issus de toutes les classes sociales accusés de dévorer des enfants, de provoquer des fausses couches, de coucher avec les démons qu'ils invoquent et autres joyeusetés. Les démonistes ne sont pas isolés et communiquent visiblement entre eux afin de se passer leur savoir impie : on les surnomme la "Cour des Innommables" car on croit que prononcer le nom de leurs "maîtres" attire l'attention de ces derniers. Les rumeurs les plus folles courent sur le sujet et il est à présent difficile de démêler le vrai du faux concernant la diablerie avérée et la délation par jalousie, la superstition ou encore les intrigues.